ADMINISTRATION DE L'INSCRIPTION MARITIME
L'administration de l'Inscription maritime est officiellement créée par le décret du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795). Elle prend la suite du système des « classes », instauré entre 1665 et 1689 par Colbert, qui consistait en un recensement des gens de mer et en leur division en classes, appelées à servir selon une périodicité définie (une année sur trois ou quatre). L'ordre des classes est ensuite progressivement remplacé par la règle plus souple du tour de rôle selon les besoins, officialisée par l'ordonnance du 31 octobre 1784.
L'Inscription maritime maintient ce système auquel sont soumis « tous ceux qui font la navigation ou la pêche de nuit sur les côtes ou dans les rivières jusqu'où remonte la marée, et pour celles où il n'y pas de marées jusqu'à l'endroit où les bâtiments de mer peuvent remonter ». Le règlement général publié en 1867 par le ministère de la Marine précise que « cette inscription particulière est en quelque sorte l'état civil des marins : elle permet de les suivre dans tout le cours de leur vie, de leurs campagnes ; de les entourer d'une protection spéciale que réclame partout leur industrie toute spéciale aussi ». L'enrôlement systématique des marins s'accompagne ainsi d'un suivi méticuleux de leur carrière, afin de définir leurs droits aux soldes et pensions qui leur sont accordées en guise de compensation.
Les marins bénéficient, en effet, d'un système de protection sociale qui s'est développé à partir du XVIIe siècle. En 1673, Colbert crée la Caisse nationale des invalides de la Marine destinée à secourir les marins blessés ou invalides. Cette caisse est ensuite remplacée en 1709 par l'Établissement des invalides de la Marine. Puis, avec l'ordonnance du 31 octobre 1784, un véritable régime de retraite est instituée au profit de tous les marins civils et militaires. En 1898, ce système de pensions est renforcé par la création de la Caisse de prévoyance des marins français, qui est annexée à l'Établissement des invalides de la Marine. Enfin, en 1930, ce dernier prend sa forme actuelle sous le nom d'« Établissement national des invalides de la Marine » (ENIM). L'administration de l'Inscription maritime collabore étroitement avec l'ENIM : la première se charge de l'instruction des demandes de pension et c'est à sa demande et sous son contrôle que le deuxième, par l'intermédiaire des trésoriers des invalides ou de leurs préposés, effectue les paiements et reçoit les cotisations.
Rattachée dès 1795 au ministère de la Marine puis, à partir de 1913, au sous-secrétariat à la Marine marchande, l'Inscription maritime s'appuie sur une organisation territoriale originale : les côtes de France sont divisées en arrondissements maritimes, eux-mêmes découpés en sous-arrondissements. Ces sous-arrondissements sont divisés en quartiers, puis en syndicats composés chacun d'un certain nombre de communes.
À la tête des arrondissements, on trouve un préfet maritime chargé de la protection maritime de la côte et du cabotage, de la police des rades de l'arrondissement et de la police des pêches maritimes. Les sous-arrondissements sont dirigés par des officiers généraux ou supérieurs du commissariat de la Marine, sous les ordres du préfet maritime. À partir de 1844, on compte cinq arrondissements, dont le chef-lieu est un port militaire (Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Toulon), et douze sous-arrondissements. Jusqu'en 1940, le Morbihan dépend de l'arrondissement maritime et du sous-arrondissement maritime de Lorient, hormis la commune de Pénestin rattachée au sous-arrondissement de Nantes et au quartier du Croisic.
Institués par l'ordonnance du 30 novembre 1734, les quartiers sont la circonscription de base de l'Inscription maritime dont les limites sont celles de l'ensemble des paroisses ou des communes qui les constituent. Ils sont confiés à des commissaires aux classes qui deviennent en 1836 des commissaires de l'Inscription maritime. Afin de séparer les attributions relevant de l'administration de la marine militaire de celles relevant de l'activité professionnelle des marins du commerce et de la pêche, un décret du 7 octobre 1902 crée le corps des administrateurs de l'Inscription maritime auquel est confié « l'administration maritime, la police de la navigation et du pilotage, les pêches, la domanialité maritime des bris et naufrages, les pensions, demi-soldes, secours et autres allocations sur les caisses de l'Établissement des invalides ». Jusqu'en 1933, les quartiers sont également subdivisés en syndicats regroupant plusieurs communes. Les syndicats sont administrés par des syndics des gens de mer qui exercent le même type de fonctions que l'administrateur. Ils sont secondés par des gardes maritimes. Ces derniers surveillent les marins inscrits, portent les ordres de levée et sont chargés de la police de la navigation. Ils sont en poste dans des stations de garde-maritime, subdivisions des syndicats importants permettant de rester proche des populations maritimes.
Les XIXe et XXe siècles voient également se mettre en place un échelon intermédiaire entre quartier et syndicat, les sous-quartiers ou préposats, regroupements de syndicats dépendant d'un même quartier, lorsque ce dernier est trop important. Cependant toutes ces circonscriptions administratives locales sont mouvantes : un syndicat ou un préposat peut ainsi être érigé en quartier, et inversement (voir annexe sur l'évolution des quartiers maritimes dans le Morbihan).
En 1967, avec la fin du système de l'Inscription maritime comme mode de recrutement militaire, l'administration prend officiellement le nom « d'Affaires maritimes ».